mercredi 8 juillet 2015

Amnye Machen 2: S'y balader


Deuxième partie de nos vacances en Chine, où l'on essuie une tempête de neige, tente de communiquer avec les yaks et campe sous la pluie!







Le Qinghai

Donc nous voila après 2 jours de voyage, arrivés dans la région du Qinghai. Cette région ne fait pas partie de la région autonome du Tibet, mais recouvre une grande partie des deux anciennes provinces tibétaines Amdo et Kham. Les villes sont peuplées majoritairement de hans chinois, puis tibétains et huis musulmans. Dans les campagnes les tibétains sont en force. Elle s’étend aussi sur le plateau tibétain... ce qui signifie larges steppes de haute altitude, et pics enneigés à 6000m. On découvrira que ça signifie aussi parfois un temps de chien, instable et changeant.


Le kora
n'est pas une marque de supermarché, mais le fait de tourner autour d'un objet ou lieu sacré dans le sens des aiguilles d'une montre. Ça ne s'applique pas pour le derviche tourneur mais pour les tibétain bouddhistes. On fait donc le tour du temple, le tour du lac sacré, ou de la montagne sacrée. Si on est moins en forme, ou si on se fait une entorse juste avant de commencer (comme Luc par exemple), les bouddhas ne nous en veulent pas s'il on fait seulement un demi-tour. On appelle ça alors un "half-kora" (100 points seulement à l’épreuve de freestyle aux JO).

C'est parti!
Notre jeune chauffeur nous dépose donc au point de départ du kora. Le village de XiaDawu. On y fait quelques achats de dernière minute au magasin du coin avant d'aller installer notre premier campement un peu plus loin. Pas question d'aller trop loin, on est à 4000m d'altitude et ça se sent!


Au magasin du village

 Le premier campement

Le lendemain matin les montagnes alentours sont saupoudrées de neige, le vent est glacial. Même si c'est notre journée d'acclimatation on ne peut pas rester emmitouflés dans nos duvets, alors on part marcher un peu, et on se réfugie dans un centre bouddhiste vide pour un pic nique mystique au son des chants bouddhistes qui tournent en boucle en bruit de fond. 



Un beau-gosse dans la steppe




Les drapeaux de prières que le vent disperse dans l'espace.


Dans l’après-midi le ciel se dégage...

 ...et Luc se familiarise avec les marmottes et les pika qui gambadent partout sur l'herbe

Et c'est tranquillement qu'on arrive à notre deuxième campement. On est toujours le long de la route en construction. Et oui, les chinois ont décidé de faire du Amnye Machen un site touristique. Et qui dit tourisme en Chine dit cars de touristes, et donc: autoroute, parking et ticket d’entrée. Génial. Entre deux pincements de cœur on se réjouit quand même d’être ici avant que tout s'emballe. Pour l'instant la route est encore un chemin de terre, mais à intervalles réguliers on croise des sites de construction de ponts, et des ouvriers chinois qui montent des colonnes géantes dans des vallées tout aussi impressionnantes. Aux endroits où l'eau du fleuve est rendue boueuse par les constructions ils nous fournissent de l'eau chaude en nous dévisageant les yeux ronds. Je note que même si on était au courant des travaux on a préféré passer par le nord quand même plutôt que le sud, pour avoir éventuellement un moyen d’évacuation au cas où l'entorse s’aggraverait (ou le mal des montagnes)...et puis de toute façon il y a des règles: le tour se fait dans le sens des aiguilles d'une montre!


Le lendemain, première étape plus sportive: le passage du col Trakdo La, à 4500m d'altitude. On arrive juste pour l’éclaircie qui nous laisse apercevoir les sommets enneigés de la montagne sacrée, et ses glaciers qui dégoulinent jusqu’à nos pieds.

Les innombrables drapeaux de prières au col.
Où est Charlie?


Les sommets encore dans les nuages, et le glacier qui arrive au col

La redescente se fait en longeant la chaine de montagnes enneigées, un panorama magnifique (dont va bien profiter la future autoroute qui passera ici et traversera le col par dessous, sous un tunnel).
Vue devant......et derrière.

On se fait avancer un peu en stop jusqu’à l’intersection où l'on a prévu de quitter la "route" pour remonter une vallée jusqu’à un second col. Au milieu de cette vallée vivent des nomades et des éleveurs de yaks et moutons. En fin d’après-midi, partout dans les pentes herbeuses autour de nous d’étranges chasseurs traquent accroupis et en cercle des animaux invisibles à nos yeux. A moins qu'ils ne récoltent des yartsa gunbou (champignon qui se développe à partir d'une larve morte, vendu très cher dans les villages alentours pour ses propriétés aphrodisiaques). Un mystère que les chasseurs que l'on croise ne vont pas vraiment éclairer. Oui la communication est dure. On ne parle pas un mot d'Amdo tibetain, ils ne parlent pas un mot d'anglais, et ils ont à peu près le même niveau de mandarin que moi. Alors au bout d'un moment on se contente des gestes ou du silence. Comme la petite famille qui nous regarde attentivement monter notre tente au milieu de leur champ de moutons.  


La famille et ses moutons qui nous accueillent pour la nuit.

Les moutons tibétains.

Le programme du lendemain est la lente montée vers le col (à 4700m), pour avoir le panorama encore plus proche des sommets blancs et des glaciers, ouiiii ca va etre trop beau!!!
Enfin ça c'etait sans compter le temps, qui nous offre des éclaircies toute la matinée, mais se dégrade fortement à l'approche du col. Et voila comment on se retrouve, après 4h de marche et enfin arrivés au sommet de notre voyage, dans une tempête de neige, visibilité à 3m.

Nooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooon pas question de redescendre sans avoir vu la vue!

On décide d'attendre sous un rocher que ça passe, mais finalement, les glaciers qui résonnent autour de nous dans le silence ont raison de nous. Il faut imaginer l'ambiance: tous les deux seuls seuls au col. On sait qu'on est entourés de sommets mais on ne voit rien, on n'entend rien hormis le vent et ces grondements incroyables qui tonnent au dessus de nous à intervalles réguliers. On a cru un instant qu'un orage était en train d’éclater, avant de réaliser que c'etait les montagnes, et les glaciers qui grondaient juste la quelque part derrière le brouillard. On redescend de l'autre coté en galopant sur les mottes de terres inondées. C'est seulement à plus de 700m plus bas que la neige se transforme en pluie, et le ciel commence à s’éclaircir. On peut alors se retourner et essayer d'imaginer le col que l'on vient de quitter.



La rivière prend sa source dans la grotte de  glace noire!
On approche du col...Le calme avant la tempête...

Au pass! 4700m d'altitude (la photo a été prise lors d'une éclaircie)
Redescente dans la vallée inondée


Les animaux que l'on a pu croiser

Après toutes ces émotions, camping au soleil dans un petit paradis.

Le lendemain, on continue la descente, et petit à petit on retrouve un chemin, des moutons, des voitures dans les steppes, des maisons en pierres, des yaks et des sculptures en bouse de yak, ou encore des nomades qui nous nourrissent de bao aux oignons sauvages (les baos sont des petits pains ronds chinois à la farine de riz, cuits à la vapeur et dont on raffole à Singapour). Bref, retour à la civilisation!


 
Des empilements de bouse de yak, et un garage à voiture typiques d'une habitation de la vallée



Un dernier regard  à la vallée avant de se faire prendre en stop pour une folle chevauchée de 3h de route (seulement 40km oui oui...) sur des chemins de cailloux ou des routes en construction pour atteindre la ville la plus proche: Golog.

La suite du voyage à venir....


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