Dernière partie du voyage. Où l'on découvre la capitale de l'empire Perse, se familiarise avec les poètes iraniens, et où l'on dort à la belle étoile au point le plus chaud du monde... (le teaser!)
Un poète
Notre bus de nuit (assez confortable d''ailleurs les bus de nuit) arrive à 6h du matin à la gare routière. Les températures sont rafraîchissantes au lever du jour en comparaison avec les villes précédentes. On attend dans un minibus vide, en regardant le soleil se lever et petit a petit les environs émerger. Le chauffeur ne part pas tant que toutes les places ne sont pas occupées, c'est la règle du minibus. Les taxis de l'autre coté de la route sont à l’affût pour le touriste qui perd patience. Mais on tient bon car de toute façon Persépolis n'ouvre qu'à 8h, on a tout notre temps.
L'ancien empire Perse
Une fois le minibus bondé, ce qui prend à cette heure matinale moins de 30minutes, c'est le départ! Enfin normalement car aujourd'hui on est témoin de notre premier incident musulmo-diplomatique. Un papy à l'arrière commence à s'énerver et proférer des accusations en farsi, incompréhensibles bien sûr pour nous. A la suite de quoi tout le monde se met plus ou moins à brailler et argumenter contre lui. C'est quand on discerne dans le flot les mots turist turist! ou Iran! qu'on comprend le soucis: il faut que j'aille m’asseoir à côté d'une femme, ce que je fais diligemment à la suite d'un sorte de casse tête qui déplace deux autres personnes de manière à ce que chacun soit bien assis à côté d'une personne de même sexe. Papy superhéro de la pudeur publique se rassoit gentiment et on peut enfin partir, incident clos. Dix minutes plus tard, Luc reçoit un petit mot plié, passé de main en main dans le bus, qui lit d'une écriture appliquée: "excuse us for such a treatment to separate you". Vraiment???! Trop mignon!
Si on se rendait à Marvbad en premier lieu c'était pour aller visiter l'ancienne capitale de l'empire Perse Achamenide, Persépolis. On parle ici des années 500 avant JC, avant les conquêtes d'Alexandre le Grand, qui détruira la capitale. A cette époque les Perses écrivaient en alphabet cunéiforme, et le roi Darius 1er se construisait ce palace immense, fait de salles remplies de colonnes de portes démesurées et de bas reliefs au dessin ultra fin. Il ne reste plus grand chose aujourd'hui, on se demandait même si le British Museum n'a pas une plus grande collection de bas reliefs, mais l'endroit est impressionnant par sa situation au milieu de plaines désertiques ou verdoyantes d'agriculture, et par la grandeur des colonnes et sculptures.
Camping sur le parking de Persépolis!
L'entrée monumentale du palace
Vue sur le site
Pour remettre en perspective la hauteur des portes!
Magnifiques bas reliefs et écriture cunéiforme
L’emblème de l'empire Perse
Après check in dans le plus bel hôtel de notre voyage, Nayadh, encore une maison traditionnelle (et encore une fois on dirait que le choix n'est pas immense car on retrouve nombre d'européens avec qui on a fait le tour à Yazd), on finit notre courte nuit.
La
ville de Shiraz est très sympa, surtout le bazaar, immense et pour une
fois on n'est pas vendredi ni entre midi et deux alors on profite de
l'ambiance. On va aussi visiter la tombe de Hafez, le poète le plus
célèbre de Shiraz, super populaire parmi les iraniens. Et même si on ne
connais pas la poésie iranienne, le jardin lui même vaut le détour et
donne une ambiance poétique. Des fleurs, des vers récités en musique, et
une tea house ombragée sous les citronniers.
Enfin, une des plus jolies mosquées de notre voyage, moins grandiose que celles d'Isfahan mais tout en finesse et en rose, j'ai nommé: La Al Mok mosque. La petite salle de prière et ses vitraux rouges jaunes et bleus pour éloigner les mouches (oui, on n'a pas encore lu l'article scientifique, mais apparemment les mouches iraniennes n'aiment pas les vitraux de couleurs jaune rouge bleu).
Enfin, une des plus jolies mosquées de notre voyage, moins grandiose que celles d'Isfahan mais tout en finesse et en rose, j'ai nommé: La Al Mok mosque. La petite salle de prière et ses vitraux rouges jaunes et bleus pour éloigner les mouches (oui, on n'a pas encore lu l'article scientifique, mais apparemment les mouches iraniennes n'aiment pas les vitraux de couleurs jaune rouge bleu).
La cour centrale de la maison traditionnelle où l'on loge
Déguisement obligatoire pour visiter le mausolée du 8eme imam
(cf les conneries croyances shiites pour comprendre les histoires des imams)
Le bazaar des tissus
Un caravansérail au milieu du bazaar
Luc sirote un thé pendant que je négocie la malle...
Ruelle et minaret à la nuit tombante
La porte Qur an
Petite balade en hauteur au dessus de la ville
Les fameuses roses iraniennes
Jahan Nama garden
Dans le jardin de la tombe de Hafez
Pause à l'ombre, soupe de pâtes et khak-e shir (une boisson à l'eau de rose et petites graines oranges dont on ne connaît pas le nom)
Les poèmes de Hafez
Dégustation du fameux raisin de Shiraz. Dommage qu'on ne puisse plus goûter le vin!
Une ruelle du bazaar
Un petit salon de thé à un détour du bazar
La Nasir-ol-Molk Mosque
Dur dur la chaleur
La salle de prière de Nasir-ol-Molk, et ses carreaux colorés pour faire fuir les mouches
Luc fait ses prières...
Pause dans un salon de thé avec pâtisseries traditionnelles
Négociation...
Kerman
Le trajet en bus de nuit pour Kerman est assez mouvementé. On survit à trois contrôles de polices qui nous réveillent assez brusquement au milieu de la nuit pour nous poser des questions incompréhensibles du genre:
"- which city!!
- euh sorry?
- City, which city?!!
Et dans la panique, Luc de repondre:
- Bourg-en-Bresse! France, BOURG EN BRESSE! ( fou rire en douce d'Emmanuelle)
- which city, city?
- Quoi mais qu'est-ce qu'il veut??
On réveille l'irano américain à coté de nous pour nous traduire:
"which place have you been to before Iran?"
" Aaah..." On répond "London UK", ce qui a l'air de lui suffire.
"which place have you been to before Iran?"
" Aaah..." On répond "London UK", ce qui a l'air de lui suffire.
Le premier contrôle est rigolo aussi, quand on voit d'un coup le chauffeur de bus débouler à toute allure dans l'allée en braillant un truc à tout le monde, du genre:
"CEINTURE!! Mettez votre ceinture bordel vite!!"
Et le flic qui vient faire le check up 2min plus tard.
Luc fait profil bas car sa ceinture est cassée.
Bref. Petite nuit.
"CEINTURE!! Mettez votre ceinture bordel vite!!"
Et le flic qui vient faire le check up 2min plus tard.
Luc fait profil bas car sa ceinture est cassée.
Bref. Petite nuit.
Lever de soleil sur les montagnes à l'ouest de Kerman.
Une chaîne qui monte à plus de 3000m mine de rien.
7h du matin, sur le square devant le bazar fermé on observe les baluchis, reconnaissables à leur chemises longues jusqu'au genou et pantalons larges. Style pakistanais. Faut dire qu'on s'est rapprochés de la frontière pendant la nuit (pas de panique on est toujours dans la zone safe délimitée par le ministère français). Des personnes sortent de leurs tentes ou préparent le thé sur le square, ambiance normale finalement.
Lorsque le bazar commence à s'éveiller, on appelle la seule agence touristique listée dans notre vieux Lonely Planet. Hossein à l'autre bout du fil nous donne rendez vous au square dans 10min (ah mais quel square?)
Chez lui on sirote le thé en discutant les détails de l'excursion. On négocie car c'est la fin du voyage et on ne voudrait pas se retrouver coincés ici sans sous. On veut aller voir les fameux kaluts, qui viennent d’être classées au patrimoine mondial de l'Unesco. Les kaluts sont des formations de terre spéciales qu'on trouve seulement dans le Dasht e Lut, ou Shadad desert, à quelques 100km à l'est de Kerman. Mieux que ça, on voudrait passer une nuit là bas. Pas dans le camp non, non à la belle étoile directement sous les kaluts! C'est possible pour Hossein, même si lui même ne peut pas nous accompagner car il a un examen d’écotourisme le lendemain, il va nous trouver un guide et tout arranger. Parfait. Et en attendant le coucher du soleil, "please be my guests".
On attend la fin de journée donc, shopping au bazar, Luc teste le barbier le plus vintage du monde (qui prépare sa crème à raser à la main, avec une poudre et de l'eau de sa théière...) (il ferait fureur dans un quartier hipster de Londres), pause thé avec Hossein, puis on somnole en regardant l’étrange balet de Hossein et son collègue affairés à couper des légumes, faire mijoter des pots pour le dîner picnique du soir, cocher des listes et charger des sacs dans la voiture.
Un frigo spécial Kalle Pache, une spécialité culinaire qu'il faut manger à 5h du matin pour avoir assez de la journée pour digérer (dixit les locaux!)...
Si vous voulez une idée plus précise de la chose, vous pouvez aussi regarder ces quelques images...
Le barbier vintage
Luc s'en sort avec une coupure seulement!
Dans le salon de thé
Finalement il est 17h tout est fin prêt et on embarque dans la voiture iranienne au pare choc qui pendouille et à l'aile avant défoncée, avec Mohammad notre chauffeur et compagnon pour une nuit.
Après 2h de route qui traverse une chaîne de montagnes puis redescend entre des collines ocres plissées, puis passe quelques oasis de palmiers, un désert de touffes d'herbes, un désert de graviers gris, puis enfin de terre ocre, Mohammad gare la voiture sur un replat surplombant une vallée parsemée de rochers de terre sculptée. Voyez plutôt. A 360 degrés le même paysage autour de nous.
L’arrivée face aux kaluts.
Fenêtres fermées, clim à fond on n'a pas encore senti le vent brûlant...
Voila, on gare la voiture ici pour la nuit.
Pic nique au milieu de nulle part...
Le paysage est à couper le souffle, tout comme la chaleur étouffante et le vent chaud, mais c'est aussi l'ambiance qui est magique. Il n'y a absolument personne. Mohammad installe une natte, sur laquelle il nous prépare le thé et les fruits qui entament traditionnellement les repas. A 7h il fait encore 45degrés. Le plat cuisiné par Hossein est notre préféré du voyage. Le Kashbadenjon fait d'aubergines mijotées servi avec de l'ail et du yahourt et du pain bien sur.
"- I will get wood for fire"
Dit Mohammad en partant avec la voiture, et nous laissant tous les deux seuls dans le désert
"- ..."
"- du bois?! "
Il n'y a pas un arbre à la ronde mais il revient quand même au bout de 10minutes avec un palmier.
On regarde le feu qui crépite, puis les étoiles filantes avant de s'endormir sur la natte. Dans la nuit la température tombe seulement à 25degrés ou peut être un peu moins, tout à fait confortable avec un léger duvet.
"- ..."
"- du bois?! "
Il n'y a pas un arbre à la ronde mais il revient quand même au bout de 10minutes avec un palmier.
On regarde le feu qui crépite, puis les étoiles filantes avant de s'endormir sur la natte. Dans la nuit la température tombe seulement à 25degrés ou peut être un peu moins, tout à fait confortable avec un léger duvet.
On repartira avant que ça ne monte trop, vers 8h non sans avoir d'abord dégusté encore un petit dej de rois.
Les kaluts au lever du soleil
Arrêt sur le trajet du retour à un vieux caravansérail dans un village oasis au milieu du désert de cailloux.
Le canal traverse la cour du caravansérail.
Oui des gens habitent ici, dans ce mini village brûlant.
Chez Hossein toute sa clique de guide est là, à plaisanter et réviser pour l'interro! On récupère nos affaires et après cette nuit magique le départ se rapproche. Il nous reste juste 2h pour aller voir à Mahan un ancien mausolée, puis on embarque dans le train de nuit direction Téhéran.
Le train de nuit par à 15h. 2h, 15 propositions de thé, 10000 petits gâteaux, conversations avec la totalité des trois wagons précédant et suivant le notre plus tard, on n'a toujours pas fait 100km, mais on se rapproche quand même de Yazd et les paysages deviennent plus montagneux après les champs de pistaches. Le coucher de soleil est magnifique.
Les regards curieux sont partout...
On
répète en boucle les mêmes phrases, ou on attend avec le sourire figé
la formulation en anglais hésitant de la question cent mille fois posée:
why did you chose Iran? De la famille super gentille qui nous apporte
un bol de persil et coriandre fraîches pour accompagner notre pic nique,
de l’étudiant qui veut pratiquer son français, de celui qui ne parle
que le farsi mais a des tonnes de questions et nous suit partout, du
contrôleur qui tient absolument à nous serrer la main, de l'autre qui
veut une photo avec son bébé dans les bras de Luc, "welcome to Iran" à
tout bout de champ, "what is your favorite place in Iran?" What did you
visit? Do you like Iran? What is you favorite food? Which city in
France? Nice to meet you! Et nos réponses bien polies en farsi qui font
leur petit effet: kheili gashange (très beau), man farsi yek kam baladam
(je parle un peu farsi), az didane shome khobartam (enchanté de vous
rencontrer), man kheili dust daram (j'aime beaucoup).
On étouffe un peu dans ce train quand même, et on attend avec impatience la pause prière de 20h pour souffler un peu.
Les champs de pistaches sur le trajet
Déserts et montagnes...
Finalement on arrive à Téhéran à 4h du matin. Encore une fois on attend le réveil de la ville dans un square et beaucoup de monde fait pareil d'ailleurs. Parfois en voyant passer un homme verre en plastique à la main rempli d'un liquide doré on se surprend à penser que c'est un fêtard en train de finir son whisky, mais non c'est juste le thé à emporter vendu au coin de la rue. Ça a du bon quand même de ne pas boire de l'alcool. Les rues au petit matin sont plus saines et sereines.
Vu d'un touriste étranger, l'absence de grandes enseignes de fast food américain et de publicités commerciales ou dans le métro les affiches anti consommation, et pro lecture font du bien à voir, même si elles prennent bien sur une autre dimension dans le contexte historique iranien (avec une visée plus anti-occident et anti-états-unis-qui-detruisent-notre-culture que anti-consommation).
D'ailleurs dans le métro on est aussi tombé sur une campagne de sensibilisation à la surconsommation électrique, en mode théâtre de rue. C'est peut être ce qu'on a pu voir de plus créatif de tout le voyage!
D'ailleurs dans le métro on est aussi tombé sur une campagne de sensibilisation à la surconsommation électrique, en mode théâtre de rue. C'est peut être ce qu'on a pu voir de plus créatif de tout le voyage!
Bref ça sent la fin tout ça.
Un tour au bazar pour acheter des kilos de pistaches, et des chocolats pour la belle mère de Mohammad qui nous reçoit ce soir en grande pompe. "Surtout, nous dit Mohammad, ne refusez rien, acceptez toutes les propositions, alors on s’exécute: thé? Oui avec plaisir, gâteaux? merci, pastèque, melon? goûtez les meilleures figues de tout l'Iran, des pistaches de notre plantation, de l'aubergine, du riz, du mouton, de la salade, un peu plus d'aubergine? Du poulet grillé, du thé, du melon pour la digestion? ... Allez bale, bale!
On repart avec 1kg de pistaches de leur plantation, 10g de safran, et très impressionnés par cette famille d'avocats brillants, ultra gentils et intéressants... directement vers l'aéroport. Jusqu'au bout on aura profité de ce pays magnifique et de la gentillesse des iraniens.
On a encore plus de photos, et l'album complet est là.
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