samedi 5 juillet 2014

Ladakh (2) - En avant, marche!



C'est parti pour 5 jours de trek de Lamayuru jusqu’à Chilling. 








Lamayuru - Wanla
On commence donc sac au dos depuis Lamayuru jusqu'au premier village de Wanla, où l'on est censé retrouver Angdus et ses deux ânes dans la soirée. On quitte les dernières verdures de Lamayuru pour s'enfoncer dans un paysage lunaire, fait de dégradés de marrons à perte de vue. Le chemin monte doucement et tortueusement autour de formations de sable et d'ardoises. Des ongulés (des ibex?) nous regardent du haut d'une falaise.





Les longues soirées tricot on finalement été largement rentabilisées, ouf!

On n'a pas beaucoup à monter, mais nos sacs préparés pour 8 jours de trek sont chargés de toutes sortes de nourritures sèches, lentilles, farine... Ça pèse, mais on y arrive! Le temps se dégrade et l’arrivée au Prinkti La (le col) sous une bruine fine a un petit air seigneur des anneaux (coté Mordor). La redescente jusqu’à Wanla se fait dans un canyon impressionnant, surement façonné il y a de nombreuses années par un torrent d'eau qui ne reviendra pas de sitôt... 





Et puis, au détour d'un chemin on tombe sur une explosion de verdure. Les saules et peupliers caractéristiques, annonciateurs d'un village. Chilla, puis un peu plus loin Wanla. Il semble que la nature ait besoin d'un petit coup de pouce ici. Ça tombe bien, les ladakhi ont une tradition ancestrale à la construction de canaux d'irrigations sur des kilomètres.




Le gompa de Wanla


Une vie rurale tranquille. Les écoliers révisent dans les champs, et les hommes se regroupent devant le magasin du village pour papoter. On fait de même en attendant Angdus qui arrive en fin d’après midi. Rendez-vous pris pour le départ le lendemain à 7h! Les garcons du village font la traduction car Angdus parle deux mots d'anglais: donkey et tomorrow.



Wanla - Hinju
Depuis Wanla, une "route" mène jusqu’à Hinju. Route est en fait un terme désignant une piste de sable sur laquelle le bus scolaire passe deux fois par jour. On n'a pas vu d'autres voitures. On longe la rivière et les champs jusqu’à Phanjila dans un décor magnifique et grandiose. Et puis, à Phanjila bifurcation, changement de vallée. 



C'est ici que l'on prend conscience que le ladakh est fait de pierres et de sable. On n'a jamais vu de montagnes comme ça. Jamais autant de pierres. En si grand quantité. Si violettes, si bleues turquoises. Jamais autant de sable. Jamais autant d'ardoises. Des ardoises qui s'empilent en montagnes entières. Et qui s'écroulent en tas de sable. Un desert abrupt et vertical. Une immense carrière à ciel ouvert.


Notez les petites mamies ladakhi qui descendent sur le chemin escarpé (photo en bas à droite)

Le long du chemin des prières sont gravées sur des cailloux polis.


Quand on arrive à Hinju, après 5h de marche, on est contents. Et pas seulement parce que la marche en plein cagnard est finie pour la journée. Le village de Hinju est magnifique. Construit à flan de montagne surplombant une vallée verdoyante qui s’étend jusqu'au pied du Konzke La, plus loin à l'est, où l'on aperçoit les aiguilles enneigées du Photogsar (à 6000m et plus)... Les couleurs sont formidables. Les arbres au bord de la rivière tout en bas de la vallée sont un paradis pour le camping. On y installe la tente, et, comme tous les soirs on s'active à faire un feu à partir de bouses de yak séchées ramassées sur le chemin... sisi ça marche, et nonon on n'a pas de réchaud! 






La cuisson des ptits oignons au feu de bouses de yak!

Hinju - Sumdo Chenmo
Troisième jour. Grosse journée : plus de 1000m de dénivelé positif et quasiment autant en descente! Au programme: La remontée tranquille de la vallée jusqu'au cirque du fond, puis la remontée moins tranquille jusqu'au pass Konkze La à 4900m! Les derniers mètres sont abrupts et se montent en petits pas de sherpa sous les yeux des perdrix sauvages. Il commence à neiger au sommet, et bientôt c'est quasiment la tempête de grêle! on ne fait pas long feu la haut même si la vue est magnifique.

Les petits ânes partent devant! Ils ne font pas de pause eux...

Les derniers champs de Hinju


Au Konzke La !


Le petit point bleu c'est moi! Au pass, devant la grandiose chaîne enneigée.

La redescente est aussi extraordinaire. On est passés sans nous en rendre compte en haute montagne. Des aiguilles enneigées à notre droite, d'immenses vallées à perte de vue à notre gauche. Les ânes nous ont définitivement semés dans la descente et on est maintenant seuls au monde dans ces montagnes démesurées. La végétation est clairsemée et plutôt buissonneuse, piquante. D’étranges fleurs séchées en formes d’étoiles se regroupent pour former des boules de la taille d'un ballon de foot. A chaque détour du chemin le paysage change, de nouvelles aiguilles apparaissent, une autre vallée s'ouvre, un sommet à 6000 caché dans le brouillard se découvre. Magique!



Non pas tout à fait seuls, on croise un troupeau de yak en chemin. 



De temps en temps un camping improbable...

On commence à s'y habituer maintenant, une explosion de verdure nous accueille à l’arrivée au village de Sumdo Chenmo. Hormis deux trois mamies le village semble désert. On n'est pas encore à la haute saison touristique (celle des français et allemands) et du coup même pas moyen d'avoir un thé chaud quelque part, on ne croise aucune maison ouverte! Angdus nous fait marcher son réchaud à kerosen (toute une histoire pour le démarrer) et on partage un thé, et une soupe de nouilles à coté des ânes qui se reposent aussi. 



La minute pub Ferrino. 
Surement un des endroits les plus impressionnants où l'on n'ai jamais campé!


Sumdo Chenmo-Lanak
Toute petite journée après celle d'hier. 3h de marche seulement pour rejoindre le magnifique campement de Lanak au pied du deuxième col le Dudunchen La, qu'on franchira demain. 

Le baroudeur n'est pas fatigué

Un mini col avant le campement

Le campement de Lanak.

La tente cuisine du campement

Question: Comment s'occuper tout une journée dans un campement à 4400m d'altitude avec un ânier qui parle autant de mots d'anglais que nous de ladakhi, et deux ânes? 

Réponse: Faire cuire des lentilles! 

Et oui, donc il semblerait que sans cuiseur à pression pour compenser l'altitude, les lentilles ne cuisent jamais à 4400m (on avait en plus un type de lentilles assez grosses). Au bout de deux heures de mijotage, et les lentilles toujours croquantes, Angdus a décidé de prendre les choses en main. Grande leçon de légèreté quand il a vidé son sac devant nous: 1L de rhum, 1L de Chang, 50cl de bière, un sac de farine à tsampa, un sac de farine à chapati et deux sachets de nouilles instantanées! 


On a ainsi pu apprendre la recette du thé traditionnel ladakhi : 
1. Faire du thé noir assez fort, 2. Saler, 3. Ajouter une cuillerée de beurre, 4. Ne pas mélanger.

Et puis on a appris à faire des chapatis au feu de bois: 
1. Mettre un peu de farine dans un bol, 2. Ajouter une cuillerée du thé précédemment préparé, faire une boule, 3. Étaler la boule en une petite galette, 4. Mettre la galette sur une plaque sur le feu, laisser cuire le temps de faire une deuxième galette. 5. Mettre la deuxième galette à la place de la première, et la première devant le feu (dans les cendres) pour finir la cuisson, et voila!.

On a aussi appris à boire du rhum à la ladakhi: 
1. Verser 5cl de rhum dans un verre. 2. Diluer avec 50cl d'eau, 3. Déguster en faisant la grimace.

Une apres midi très sympa finalement!





Lanak - Chilling
Dernière journée de marche, pour rejoindre Chilling, la route, la civilisation!! Hélas plus de batterie d'appareil photo, donc seulement quelques souvenirs pris au téléphone. Au pass Dudunchen La, il neige encore une fois! On débarque face à un panorama de montagnes marbrées à perte de vue, sous le couvercle de brouillard et de neige. Et puis c'est parti pour plus de 1400m de descente jusqu’à Chilling!





Faire du stop au Ladakh n'est pas la manière la plus rapide de voyager, mais c'est folklorique. Depuis Chilling, après quelques aller-retours et des histoires incompréhensibles entre organisateurs de rafting sur la Zanksar et les familles indiennes clientes, on finit le trajet jusqu'à Leh en camion punjabi!  L’intérieur est parfaitement aménagé et décoré: assis sur des tapis persans on regarde le compagnon du chauffeur préparer une marmite de thé sur un réchaud qui semble intégré sous le siège. Et quand c'est prêt, tout le monde descend, "pause thé!" (thé salé au lait, accompagné de son toast au beurre) le grand luxe le voyage en camion punjabi!




Pour sa suite du voyage, c'est par ici ------>>>> Ladakh (3) - Monastères bouddhistes

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