samedi 5 juillet 2014

Ladakh (1) - Acclimatation


Autrefois, pendant plus de 9 siècles, le Ladakh était un royaume indépendant. Qui survivait entre la pression de ses voisins musulmans (le Cachemire) à l'ouest, et bouddhistes (le Tibet) à l'est grâce à sa position stratégique au carrefour des caravanes de commerce, et sa tolérance vis à vis des influences extérieures. 




Aujourd'hui le Ladakh officiellement n'existe plus. Le pays s'appelle l'Inde, la région Jammu Kachemir. Il reste cependant cette partie désertique à l'est du Jammu-Cachemir, cette région à moitié musulmane, à moitié bouddhiste, où la langue est un dialecte du tibétain, où l'on peut croiser le dalai lama, ou simplement visiter les monastères bouddhistes construits par les dynasties successives, cette région où se mêlent dans les rues de Leh des profils d'asie centrale, d'inde punjabi ou mongols, bref il reste cette région où les gens se disent Ladakhis.


Retour sur place à la capitale du ladakh: Leh. C'est ici qu'on atterrit depuis New Delhi. A 3500m d'altitude. Oui oui c'est ça, un peu comme si on atterrissait sur l'aiguille du midi. On n'a pas de symptômes du mal des montagnes, mais pas question de passer outre l'acclimatation. Trois jours sans rien faire c'est la règle, pour laisser à notre corps le temps de s'habituer à l'air raréfié (d'autant plus raréfié dans cette région désertique) avant de pouvoir monter plus haut. Trois jours, ça paraissait une éternité sur le planning avant de partir, et pourtant ça passe vite quand on vit au ralenti. On en profite pour acheter des provisions en prévision du trek (lentilles, pâtes, fromage en conserve, oeufs...), se balader dans la ville, entre les maisons typiques aux toits plats et en briques de terre, et découvrir la gastronomie locale. 




Le bazar est immense et coloré. La poussière, le sable et les pollens de peupliers voltigent dans les rues. Personne ne s'y aventure sans foulard, bouddhiste ou musulman. D'ailleurs, les foulards ça n'est pas ce qui manque à Leh. Le commerce des pashmina, les foulards en cachemire, fait rage dans les rues. La laine matière première du cachemire provient d'une chèvre élevée par les nomades ladakhi (les Tsang pa) vivant sur les plateaux d'altitude. Parfois aussi on trouve de la laine de yak ou d'ibex tout aussi fine et douce au toucher. J’espère sincèrement qu'on n'y trouve plus de laine de gazelle tibétaine ou d'autres animaux sauvages en voie de disparition pour avoir été la cible de chasseurs sans remords...



A Leh, les restaurants les plus chics vous servent sur une terrasse poussiéreuse un naan à l'ail à tremper dans du palak paneer indien (fromage frais dans une sauce aux épinards), des momos ladakhis (de gros raviolis similaires aux dumplings chinois), une thukpa tibetaine (soupe de nouilles aux légumes), une pizza margherita, qui sans avoir rien d'italien en reste délicieuse, ou même une crêpe au citron savoureuse. Le tout pour quelques centaines de roupies (100 roupies=1euros).

Thukpa, la soupe de nouille tibétaine. La sauce jaune servie en accompagnement n'est ni une vinaigrette ni une petite sauce au curry. C'est du piment pur! Warning! 

Le gompa (monastère) et le palais royal sont construits sur un sommet surplombant la ville. La montée est raide, mais la vue sur les montagnes de sable entourant la ville, sur la plaine de l'indus à peine verdoyante, et sur les sommets enneigés plus loin est magnifique.



Le Gompa, avec ses couleurs caractéristiques blanches et rouges.

Un petit sommet chargé de guirlandes de prières.



Après deux jours à Leh, on part pour Lamayuru, à environ 4h de voiture vers l'ouest. Le village, comme beaucoup d'autres, est perché sur les pentes raides d'une montagne, pour laisser la moindre parcelle plus ou moins plate aux cultures. Le paysage alentours est complètement désertique, minéral. Les roches blanches travaillées par l'eau (du temps où l'eau était en abondance au ladakh, il y a très très longtemps) font apparaître des formes lunaires célèbres dans la région. Au fond de l'étroite vallée, une reminiscence de riviere gargouille et permet aux champs de moutarde de survivre, ainsi qu'aux peupliers et saules plantés pour contrer cette désertitude affolante. 



Le "moonland"


Apres Lamayuru, la route continue, s’élève et passe encore deux cols au dessus de ou frôlant les 4000m d'altitude avant de redescendre, loin à l'ouest, sur la deuxième plus grosse ville de la région: Kargil à 2700m. 

Tout en haut, le gompa et ses moines dominent le village.




Nous dormons à la Tharpaling guesthouse, dont la gérante a du caractère et sait mener son affaire... Elle et son mari s’occupent aussi de l'un des deux restaurants du village, et leur fille du magasin de légumes. Elle nous prépare un délicieux plat de gnocchis maison aux légumes, tandis que son mari nous arrange un rendez vous avec un ânier et ses deux ânes. Le rendez vous est fixé pour le lendemain à Wanla, un petit village à 4h de marche (oui on ne peut plus attendre un jour de plus que l’ânier arrive à Lamayuru, alors on part à sa rencontre, et tant pis si on doit porter les sacs une journée!).

La Tea house tenue par les "Tharpaling".

Notre chambre. Un petit air Kirghize?

La gérante de l'affaire.


Je n'ai pas su choisir entre les deux photos, alors deux photos du village vu depuis 
le fond de vallée, parmi les champs cultivés. 


On avait préparé un itinéraire de trek de 8 jours depuis Lamayuru, mais les agences de Leh nous ayant prévenu que certains pass au dessus de 5000m étaient encore bien trop enneigés pour nous et même pour les ânes (de neige de printemps molle), on a finalement réduit l’itinéraire aux 5 jours classiques Lamayuru-Chilling. Allez, trêve d'acclimatation, c'est parti pour la marche!
Par ici ------------------> Ladakh (2) - En avant, marche!

Pour en apprendre plus sur le cachemire et les relations Inde/Pakistan dans la région, je vous conseille les deux émissions de monsieur X sur la question :







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