Macao, au premier abord, ça évoque des anciens quartiers coloniaux, des tripots, un port de commerce, une île intrigante à l'autre bout du monde, voire même, et là c'est plus inquiétant, une chanson du grand orchestre du Splendid.
Macao donc, sur les conseils de notre chef: "you should go to Macau,
you should go to Macau, it's like in Portugal" ... Et béh, caraï, y'a
plus d'un maçon qui doit se retourner dans sa salle de bain en carrelage en
entendant ça.
Et pourtant j'aurai dû être alerté par une petite phrase anodine
sur la page wikipedia de Macao: "Le territoire redevient finalement chinois, sans susciter d'émotion
au sein du peuple portugais, qui en avait une assez mauvaise image".
Macao appartenait au Portugal jusqu'en 1999, année ou la Chine récupère
le gros lot et fait sauter la banque. De l'époque portugaise il ne reste qu'une
place, la façade (uniquement) d'une église, une citadelle, quelques ruelles et les noms des rues. Pour le reste, les chinois ont
fait un sacré bon boulot pour remettre les lieux à leur convenance
Mais on n'a décidément pas les mêmes goûts...
D'abord le gros œuvre, à grand coup de truelle (il est sans doute là l’héritage portugais), en construisant encore plus de casinos absolument de partout. En construisant un polder pour étendre le
terrain (de jeu) et un monorail pour acheminer
directement les parieurs depuis l'embarcadère jusqu'à la table de craps, sans
toucher le sol. Ensuite en ne conservant pas les anciens quartiers et en
construisant encore des casinos moches à la place et des grandes chaines d’hôtels (moches eux aussi).
Les rues sont désertes. Où sont les chinois? Au casino! Ils y vont en famille. Les grands parents, les aunties, les uncles, tous à la même table. C'est un peu comme la balade du dimanche après le repas familial, sauf que ça se passe en sous sol.
Le chinois a un rapport très particulier avec l'argent. C'est quasiment
ce qu'il y a de plus important dans la vie. C'est une preuve de succès. On a
réussi sa vie quand on a de l'argent, ou qu'on peut le montrer. On l'avait déjà
dit mais pour le nouvel an chinois, on ne se souhaite pas santé et bonheur, mais
d'avoir de l'argent. Comme quoi, le communisme peut très bien se rabibocher
avec le capitalisme. Le Graal c'est une grosse voiture allemande (plus chère
que celle de son voisin, c'est toujours mieux), une montre suisse et un sac
Vuiton, même si la plupart d'entre eux s'endettent sur plusieurs dizaines
d'années pour ça.
On n'a décidément pas les mêmes goûts...
Dès lors, le casino c'est un peu comme Disney Land pour un enfant, et on
comprend aisément pourquoi Macao fait 4 fois plus de bénéfice que Las Vegas. La fièvre
(jaune) s'empare des chinois quand ils s'agit des jeux d'argent. Ils viennent
en masse de Hong Kong, Shanghai et toute la cote de la Chine. Macao, c'est sans aucun doute la 8ème merveille du monde.
Le dernier chef d'œuvre est l'immense building du Grand Lisboa avec sa forme de fleur en or. Sobre et raffiné. On notera au passage comment le bâtiment est intégré à merveille dans le paysage. Plus au sud, il y'a le Venitian où ils ont carrément recopié un bout de Venise. Bah oui, le reverse engineering c'est une marque de fabrique. On trouve donc en plein milieu de l'Asie, la place Saint Marc, les pigeons en moins (quoique... ils sont au sous sols).
Bref, les jeux sont faits. Macao n'est pas un port tout gai (!). Aucun
Joker. Le Casino gagne la partie. La roulette est malheureusement russe sur ce
pixel du monde.
Allez, sur ce, je chausses mes Crocs, j'enfile mon plus beau t-shirt de
Johnny (celui avec un loup qui hurle devant la pleine lune) et je pars vers une
destination de rêve: Palavas les Flots ou Rimini? J'hésite. On n'a décidément pas les mêmes goûts...
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