On a commencé à parler du Kirghizistan pour plaisanter. Et puis on est tombé sur des photos. Des photos de steppes immenses, de montagnes enneigées à perte de vue, de paysages désertiques, de chevaux, de yourtes et de chapeaux en laine, et ça n'a pas cessé de nous hanter. Et puis on s'est lancé: 3 semaines en immersion entre asie centrale et russie!
Pas de pétrole, pas de conflits majeurs avec ses voisins, des musulmans qui boivent de la vodka, des nomades venus de mongolie, des troupeaux de chevaux sauvages, du bouillon de mouton, des chaines de montagnes à 7000m d'altitude, et des villes fantômes laissées à l'abandon par l'URSS. Voila un mini condensé du Kirghizistan, ce petit pays inconnu enclavé en asie centrale entre la Chine et le Kazakhstan.
Pour savoir où se trouve le Kirghizistan, c'est par ici.
La capitale : Bishkek
Les villes au Kirghizistan sont plutôt.... désolantes. La capitale n’échappe pas à cette remarque. Des bâtiments russes délabrés, des rues larges et sales, et quand on s’éloigne des grands axes, des chemins de terre rouge. Mais quand on débarque d'Annecy, et qu'on découvre les écritures en cyrillique, l’arrière plan de montagnes enneigées, les marchés aux épices ou la yourte dans le jardin de la guesthouse familiale, on est au comble de l'exotisme!
Ala Archa National Park
On reste deux jours à Bishkek avant de prendre un taxi en direction de Ala Archa national park, juste au sud de Bishkek. La route est deja superbe. En sortant de la ville, dans la plaine elle se rapproche doucement de la barrière de montagnes, en montant régulièrement jusqu’à atteindre l’entrée du parc. Et puis c'est la douleur: 8h de marche non stop jusqu'au camp de base, avec nos sacs de 10kg sur le dos. On arrive en fin d’après midi au pied du glacier, où quelques autres randonneurs (principalement russes) campent. Les bouquetins sont presque apprivoisés et ont l'habitude de venir chercher de quoi manger vers les campeurs.
Un superbe coucher de soleil et une courte nuit plus tard, on repart, sans les sacs cette fois, en direction du pic Uchitel. La montée est laborieuse, Luc souffre de l'altitude, et les derniers mètres sont rudes, mais la vue panoramique au sommet est incroyable : des montagnes à perte de vue, de la neige, des pics, des glaciers, des sommets.... La redescente jusqu'à l’entrée du parc nous vaudra ensuite plusieurs jours de courbatures aux cuisses, ou comment se mettre bien en forme des les premiers jours du voyage!
Pic Uchitel 4540 m
Karakol
Le bus Bishkek - Karakol constitue notre première expérience du transport en commun Khirghize (et je peux même ajouter maintenant asiatique). Et c'est folklorique. Ici le bus est roi. Il s’arrête récupérer des sacs de melons sur la route, puis il faut aider à changer une roue crevée, puis c'est l'heure du déjeuner alors arrêt au restau-route....et on comprend alors pourquoi il faut la journée pour faire les 400km.
le drapeau kirghize sur la route
le super jardin de la guesthouse de Karakol
A Karakol on dort dans ce qui sera la meilleure guesthouse du voyage. Un grand et joli jardin est mis à disposition pour planter les tentes, avec quelques yourtes et autres sculptures traditionnelles. Beaucoup de touristes viennent ici pour l'alpinisme dans les montagnes du Tian Shan juste au sud, et déploient leurs cordes et matos dans le jardin.
La ville est tranquille, et plus attrayante que Bishkek, avec même quelques jolis bâtiments! On est en bordure de l'immense lac Issyk Kul, une ancienne mer, légèrement salée.
Le cathédrale orthodoxe de Karakol
La mosquee en bois construite par les dungans
(une ethnie de chinois musulmans) sans aucun clou!
La plage sur au bord du lac Issyk Kul
Un peu à l'ouest de Karakol, la région autour de Jeti Oguz est surprenante. Notamment ces montagnes rouges dignes d'un paysage des Staytss.
La rive sud du lac Issyk Kul
La rive sud du lac est tout à fait paisible. Passé la ville de Karakol, on croise seulement des villages le long de la route, des plages quasi désertes, et de temps en temps une ancienne station balnéaire russe désaffectée... On campe sur la plage et on fait du stop (plus ou moins payant) pour avancer. Les plissures désertiques en arrière plan sont incroyables, tellement esthétiques et douces en couleurs.
Kochkor
Encore une ville sans trop d’intérêt, mais si on s’éloigne un peu du centre, et qu'on marche en direction des montagnes plissées qui entourent la ville, alors on peut tomber sur des cimetières musulmans tout en pierre et des petits quartiers de campagne charmants...
Le lac de Song Kul
Pour se rendre au fameux lac Song Kul depuis Kochkor, on rejoint un groupe à cheval avec deux guides. Deux tchèques, un israélien, un japonais, deux français, c'est plutôt éclectique. On part dans les steppes immenses, au pas, ou au trot et même au galop parfois quand nos petits chevaux le sentent! Les paysages sont tellement immenses qu'on se sent seuls au monde.
La première étape se fait au milieu des montagnes, pas loin du col. Deux yourtes sont posées au milieu de nulle part, avec des chevaux qui paissent un peu plus haut. La première tente est pour la famille qui nous accueille et nous prépare le dîner. La deuxième pour nous. Au coucher de soleil les lumières sont splendides.
Le petit déjeuner avant de repartir est un régal! Au menu : beurre, crème, miel, confiture, porridge de riz, et du pain soufflé et frit, le tout fait maison bien sur (y compris le beurre et le miel). On s'empiffre au désespoir de nos pauvres chevaux!
Au col avant de redescendre sur le lac.
Les chevaux font des câlins pour se réchauffer!
On arrive au bord du lac dans l’après midi, un paysage exceptionnel. Quelques yourtes ont été installées pour les touristes, les chevaux se reposent à coté, les mamas font la cuisine et les lessives, les enfants jouent sur des ânes...
Deux jour de cheval ça peut paraître pas grand chose, mais je crois que c'est pas très loin de ma limite. On a du marcher en canard pendant 3 jours après ça! Et le soir on suit les tchèques jusqu’à la yourte ravitaillement où des papys kirghizes bon vivants nous trouvent de la vodka. Une soirée assez improbable à boire de la vodka et regarder les étoiles (magnifiques bien sur à cette altitude et si loin de toute ville).
Une salle de bain en pleine steppe
Un aperçu des festins qu'on a pu nous servir
...et la cuisine
Trajet vers Naryn
Le minibus en direction de Naryn est encore une fois folklorique. Impossible de comprendre ce qui s'est passé. Le bus était plein de filles, complètement surexcitées à la vue de nos yeux bleus (gris). Bien sur il a fallu boire la traditionnelle vodka. Et puis il a fallu s’arrêter pour goûter le kumis, le fameux lait de jument fermenté. Et puis il a fallu chanter une chanson, on a rien trouvé de plus original que la marseillaise, mais étonnamment tout le monde a suivi (je précise qu'on parle 3 mots de russes et que les filles parlaient trois mots d'anglais)!
Le visage de Luc donne une bonne idée du gout du Kumis.
Et c'est ainsi qu'on arrive à Naryn en pleine nuit, passablement éméchés, les poches pleines de boulettes de kumis séché, que Luc oublie ses chaussures de rando dans le minibus, et que les filles nous emmènent chez elles pour manger des raviolis et danser sur de la musique disco dans un salon immense vide de meubles sauf un tapis. Le lendemain matin, les chaussures de Luc sont devant la porte, rapportées par un ami d'un ami. Apres un échange d'adresses on prend un taxi partagé en direction d'At Bashi. Encore un moment surréaliste quand la voiture s’arrête au milieu de nulle part, Luc descend et vomit au bord de la route, la femme enceinte qui partageait le transport avec nous descend également et vomit à coté de Luc, et puis tout le monde remonte et pousse le taxi pour l'aider a démarrer, tout ça sans un mot.
Tash Rabat
Tash Rabat est un des rares monuments à visiter du Kirghizistan. Un ancien caravansérail qui a vu passer les caravanes de la route de la soie au XVeme siècle, depuis la Chine vers le lac Issyk Kul. Et oui, la frontière chinoise est toute proche. On va d'ailleurs pousser à pied jusqu'au lac Chatyr Kul qui est le point le plus près de la frontière accessible de ce coté. Non pas pour s'approcher des snipers, mais parce que les paysages sont simplement grandioses par ici, et puis quel calme...
Tash Rabat. La majorité du bâtiment est sous terre,
et on peut visiter les différentes salles de repos, cuisines etc.
Voila à peu près l’étendue des infrastructures
touristiques du plus grand monument du pays
Un troupeau de chevaux sur le chemin vers le lac
Petite pause gastronomique
Le lac Chatyr Kul
Ça caille au col !
La redescente vers le caravanserail
Retour à Naryn
Cette fois on y passe un peu plus de temps. La ville est enserrée dans une vallée entre ce qui ressemble à des montagnes de sable. On monte sous un soleil de plomb vers un petit cimetière qui domine la vallée. Décidément j'ai un faible pour leurs petits cimetières musulmans.
Och
Och, la capitale du sud, juste à la frontière avec l’Ouzbékistan, est beaucoup plus vivante que ce que l'on a pu voir jusqu’à maintenant. Un immense marché bazar, reste d'un des plus grand marchés d'Asie centrale du temps de la route de la soie, de grandes mosquées et des militaires à kalashnikov se côtoient dans la chaleur étouffante et presque insupportable en milieu de journée.
On monte au trône de Salomon, la petite montagne aride qui domine la ville. Au sommet un petit temple, un musée et une vue sur la plaine du Ferghana et sur la ville plate qui s’étend sur des kilomètres.
Un vrai luxe pendant ce voyage: un dîner dans un vrai restaurant!
Uzgen
Sur la route Och-Djalalabad, arrêt culturel à Uzgen, ancienne capitale de la dynastie turque des Karkhanides au XIIème siècle! Il en reste un célèbre tour, et quelques mausolées d’époque, étonnamment bien conservés.
Mausolée Karkhanide
Un arrêt de bus, et voici le chapeau typique kirghize
La reservoir de Toktogul
Un camion nous prend en stop pour aller jusqu'au réservoir de Toktogul. La route est plutôt très escarpée. On n'arrivera pas jusqu'au village de Uch Terek car Luc est malade et demande aux chauffeurs de nous déposer de toute urgence (haha). On descend alors au milieu de nulle part et puis on marche jusqu'au bord du lac. Le paysage est tellement époustouflant qu'on restera deux jours ici, à se baigner et se reposer.
Alors qu'on croyait être seuls au monde on avait quand même été repérés par un couple de Kirghizes qui débarquent en 4x4 à coté de notre tente. Ils commencent par nous poser les questions traditionnelles, auxquelles on sait même répondre maintenant (d'ou tu viens, vous êtes maries? etc). Puis, après quelques aller-retours ils se décident enfin, et reviennent toquer à notre tente... pour nous demander de faire des photos d'eux! Monsieur voulait poser devant son 4x4 et comme la nuit tombe on l’éclaire de nos frontales.... Et puis sous l'orage qui éclate, abrités dans la petite bergerie à coté, il nous traduit laborieusement son adresse en caractères romains pour qu'on puisse lui envoyer les photos. Adresse que j'ai du retraduire phonétiquement tout aussi laborieusement en caractères cyrilliques pour l'envoyer. Je ne saurai probablement jamais si elle est arrivée!
Et puis il faut bien repartir, la fin du voyage est proche... Alors y va mais doucement, à pied jusqu'à Uch Terek, puis en stop. La route est fréquentée par des camions principalement, qui sont toujours contents de prendre un étranger en stop, et quand on leur donne des échantillons de parfum français, alors là, ils nous emmènent au bout du monde!
Le réservoir vu de l'autre coté, coté Toktugul
Une dernière baignade avant de rentrer...
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