mardi 4 février 2014

Passeport pour les Philippines



4 jours dans la province nord de Luzon aux Philippines. Au programme: bus, montagnes, police, camping, bus, tricycle, rizières, rizières, rizières, bus, pollution, bouchons, ambassade...





Assez de toutes les chinoiseries pour le nouvel an lunaire, on profite des deux jours fériés pour aller se balader au frais, direction les Phillipines, à 3h30 d'avion de Singapour. On débarque à Clarke, petit aéroport au nord de manille, tard le jeudi soir avec en prime 2h de retard pour Tiger Airways.



A minuit et des brouettes, on se retrouve assis sur un banc extérieur dans la station de bus (miteuse) de Dau, à attendre désespérément le bus de Manille en direction de Baguio. De temps en temps un fumet d'huile rance nous enveloppe, en provenance de la cahute derrière qui fait réchauffer des saucisses rouges en brochette (à manger comme une sucette), ou des chips locales soufflées gout porc (à déguster saupoudrées de vinaigre). "Ten minutes, wait here" nous avait dit le premier philipino qui nous a guidé vers le banc. "At midnight" nous dit un autre jeune avant de monter dans son bus.
En désespoir de cause, et aussi pour s'occuper, Luc fait un tour de l'endroit, avant de revenir en courant " ya un bus pour Baguio de l'autre coté!" ok c'est pas la fameuse compagnie Victoria Airlines qu'on attendait, mais on est fatigués et ça fera bien l'affaire (dit-on avant de découvrir l’état des sièges, la country music incessante, ou le fait qu'on doive voyager coincés sur nos sacs). Enfin, ça a quand même fait l'affaire. 

Une pause pipi et 4h de country music plus tard on débarque à Baguio frais comme des lardons, pour découvrir, mauvaise nouvelle, que je n'ai plus de passeport! Surement tombé de ma poche en allant aux toilettes. On retourne le bus avant de se diriger vers la station de police. Il fait encore nuit mais le trafic est quand même dense, de bus, tricycles ou voitures qui enfument la petite ville cuvette. 


Le policier a soit picolé toute la nuit, soit eu beaucoup de clients ou chiqué trop de bethel, bref il n'est pas très frais (encore moins que nous), et pas vraiment enclin à nous aider. Il remplit la déposition, nous informe qu'il faut repasser dans 5 jours pour venir chercher le rapport de police (ah bon!). Bah dans 5 jours on repart à Singapour. M'enfin on verra ce qu'en dit l'ambassade. En attendant le soleil s'est levé sur Baguio, laissant apparaître derrière les bâtiments gris et poussiéreux quelques collines surpeuplées. 


On se réchauffe un peu, on avait oublié qu'il pouvait faire froid en asie du sud est. La ville est de plus en plus irrespirable, on décide de partir directement vers Sagada, après avoir envoyé un mail à Denis, de l'ambassade de France à manille, pour prendre rendez vous lundi matin première heure. La queue pour acheter le ticket de bus est incroyable. Des dizaines de jeunes touristes locaux, venus de Manille pour se rendre dans le petit village perdu de Sagada! Un couple de français cinquantenaires nous explique qu'il y a un festival spécial ce weekend, puis en papotant un peu plus (oui on a le temps dans la queue) on apprend qu'il y a aussi un marathon le dimanche! On finit par avoir nos billets et on embarque direct. Ouf ça y'est on y est, dans la Cordillera! Le bus grimpe jusqu'au plus haut point des autoroutes philipines, 2255m d'altitude quand même, puis il suit une crête tout le long pendant les 6h. Autant dire que la vue est magnifique des deux cotés. A perte de vue des montagnes, de temps en temps des rizières et deux trois maisons. 



A Sagada, le petit village est en effervescence. Un marché s’étend tout le long de la route principale. Quand on arrive, des chants et des danses résonnent sur la place principale. C'est apparemment un festival de la foi. Oui les philipino sont très chrétiens. 



La Police est grande ouverte sur la route, alors on tente notre chance. "...meeting with the embassy, 9 oclock Monday, need police report..." Bénédicte, une jeune dynamique nous fait le rapport sur le champ, en essayant de passer outre le fait qu'on n'ait pas perdu le passeport dans leur district. On papote du marathon, propose du café, fait des photos, et 1h plus tard, papier en poche et sourire aux lèvres on peut enfin commencer nos vacances!



Le village est bondé, les guest houses prises d'assaut alors on se dirige vers le Mont Kiltepan, à une petite heure de marche du centre, réputé pour sa vue sur les rizières. Et effectivement le coucher de soleil est magnifique. 



Toutes les taches blanches au fond de la vallée sont des rizières en eau. A cette époque de l’année, la moisson a déjà eu lieu et les rizières sont en train d’être préparées et nettoyées avant le repiquage des semences qui aura lieu vers mars. 



Super endroit pour camper, d'ailleurs on est vite rejoint par des locaux qui s'installent à coté. Le lendemain matin, syndrome mont Bromo, des jeepney débarquent à 5h du matin pour emmener leur clients voir le lever de soleil. Pas de touristes européens par contre. C'est une ambiance sympa, et on vient de se faire une nuit de 12h alors pas de soucis pour se lever à l'aube. Un feu est allumé par nos voisins campeurs pour se réchauffer, puis des gens acceptent de nous redescendre au village. 


Les cahutes commencent à se réveiller, les épis de maïs à griller et les coureurs à s’entraîner.


On marche jusqu’à la fameuse "echo valley" qui nous rappelle étrangement les pratiques animistes de Sulawesi. Une immense vallée est entourées de falaises, sur lesquelles des cercueils parfois vieux de plusieurs centaines d'années sont accrochés.





On shunte les grottes, qui sont également renommées, pour se rendre directement à Banaue, le site des rizières en terrasse les plus connues du monde, classées au patrimoine mondial de l'Unesco. Le trajet se fait en jeepney, ces mini bus ouverts à l’arrière, et décorés avec un mélange de références religieuses, et statues kitches, et qui sont le symbole des philippines. 


C'est plus convivial que les bus, on peut discuter avec nos voisins canadiens, et sentir la pluie gelée nous taper les tempes. Oui, le temps se dégrade, et la pause au milieu du trajet est apocalyptique. On boit un café au bord de la route enveloppés dans la couverture en moumoute achetée en vitesse à Sagada.


 Brouillard froid, bruine, vent, on ne voit même plus les montagnes autour. On a laissé les canadiens à Bontoc et on continue avec trois belges, et deux philipinos, toujours aussi sympas. Une petite éclaircie à l'arrive à Banaue nous laisse apercevoir un paysage très vallonné, des centaines de rizières en terrasse, et un village dispersé à flanc de montagne. Les rues sont jonchées de crachat rouges de noix de bethel chiquée, et les vieux ont le sourire rouge et les dents noires. On est dans le pays des Ifugao.




Christopher, chauffeur de tricycle nous emmène jusqu’à la jonction de Batad en manchonnant ses feuilles. Il nous arête sur la route pour nous montrer le paysage et pour qu'on prenne des photos. 



La route s’arrête au sommet d'un col en selle. Puis il faut 40 minutes de descente à pied pour atteindre le début du village de Batad, quelques maisons posées sur une arête. 



A droit de l’arête, des montagnes verdoyantes et quelques terrasses de riz, à gauche de l’arête l’amphithéâtre des rizières en terrasses de Batad. Impressionnant. Ces terrasses sont classées non seulement pour la beauté du lieu, mais également parce qu'elles ont été construites il y a 2000 ans. 


Sur les conseils de Christopher et de notre futur guide Junel on campe sur le premier viewpoint. Les philipinos adorent camper et faire des feux de camp, et apparemment ça ne dérange personne de s'installer sur un site classé! Le point de vue consiste en une terrasse creusée sur l’arête par un papy ifugao qui est passé nous dire bonjour, avec un vue splendide sur le site. On a rarement dormi dans un endroit aussi incroyable. Un petit air de bout du monde avec le temps qui crachotte de temps à autre, et les nuages qui montent puis redescendent sur les rizières. Les petites de la guesthouse d'en dessous viennent nous tenir compagnie. Elles nous allument un feu, et papotent dans un dialecte étrange, et quand il recommence à bruiner elles vont chercher les parapluies pour continuer à profiter du feu. 




Tot le matin, les nuages se dégagent.



On descend dans les rizières pour tenter d'aller au sommet en face. Ce qui semblait direct vu d'en haut, est en fait un dédale de petits chemins et escaliers en pierres le long des murs des rizières pour passer d'un étage à l'autre. 



Le centre village de Batad consiste en une dizaine de baraques coincées au milieu des rizières, autour d'une petite église. Quelques maisons traditionnelles subsistent ça et là.





La remontée jusqu'au sommet des rizières est un calvaire pour les cuisses. Des marches interminables, et qu'il faut monter à quatre pattes tellement elles sont hautes. Mais d'en haut, la vue splendide fait oublier les muscles qui tirent. 






Puis on descend se rafraîchir aux chutes d'eau de Tapplia (encore des escaliers arg).



Encore quelques photos des terrasses de riz, parce qu'on ne s'en lasse pas, quel que soit l'angle!




A 2h on rejoint notre guide qui nous emmène jusqu’à Bangaan en 2h de marche sur un chemin superbe. On passe par des mini villages plein d'enfants, accessibles seulement à pied par ce chemin à flan de montagne. 






 

A Bangaan on retrouve la route, un peu de civilisation! Les terrasses de riz sont tout aussi belles même si moins sauvages qu'à Batad. 




Christopher vient nous chercher comme convenu à 5h, comme quoi même sans téléphone on arrive encore à donner des rendez vous. Apres cette journée éreintante pour les yeux et les cuisses, il faut rentrer à Manille. On prend le bus de nuit puis un taxi qui nous dépose à 5h du mat devant l'ambassade française. 

Entre 2 visites et coups de téléphone à l'ambassade on trouve le temps d'aller visiter le centre "intra muros" de Manille, la ville fortifiée qu'ont contruite les espagnols pendant la colonisation. Un centre ville pas vraiment mis en valeur ni rénové, mais quelques ruelles gardent un certain charme espagnol. Denis et sa collègue française à l'ambassade sont adorables et font un boulot tellement efficace que j'ai pu récupérer un passeport d'urgence à 17h le jour même (sans attendre l'autorisation de la préfecture d'Annecy qui devaient être au ski de toute facon). 



PS: si vous avez oublié où se trouvent les Philippines, faites un petit tour par ----> la carte <----